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Interview

Interview Eric Abbel

Au tour d’Eric Abbel de répondre à nos questions.
Merci à lui.

Tu as été sélectionné pour ce second numéro avec ta nouvelle « À l’abri », peux-tu expliquer sa genèse ?

Depuis 10 ans, j’aménage ma cave en abri antiatomique, avec bibliothèque, bar, flipper, écran de cinéma… Ma femme dit que c’est un prétexte pour m’isoler d’elle et des enfants. En même temps, j’éprouve une vraie fierté d’avoir le seul abri antiatomique privé de toute l’Ile de France. Pour écrire la nouvelle « À l’abri », je me suis dit : et si ça pétait vraiment, vivre dans cet abri, sous terre, ce ne serait pas le début de l’enfer ?

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Si vous l’avez raté, l’avant-goût de cette nouvelle 😉

Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ?

J’aime ce qui remue autant l’âme que les tripes. J’aime les contrastes, quand c’est à la fois violent et drôle, à la fois cru, sanglant, sexuel, et en même temps doux, irréel, parfois poétique. L’écriture est un super pouvoir sans limite qui te permet de créer ce que tu veux. Donc j’en abuse parfois, j’adore aller trop loin !

Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ?

Tout petit déjà, je m’autoéditais : j’écrivais mes histoires sur des cahiers, je collais un dessin pour la couverture, je m’inventais même un nom d’éditeur. Je ne voulais pas juste écrire, je voulais que ça ressemble à un vrai livre, donc de l’autoédition, même si seulement à un exemplaire…

Quel est ton rythme d’écriture ?

Tous les matins dans le RER A, 25 minutes. Parfois plus, quand je me lève à 6 heures pour taper du texte, ou quand je m’évade une heure ou deux au café. J’écris dans l’urgence et le chrono sur la table.

Comment construis-tu ton travail ?

Les nouvelles viennent en un jet, jaillissent à partir d’un détail, sont retravaillées quelques mois après. Les romans sont architecturés à coups de fiches et de post-its, comme un scénario, jusqu’à rendre chaque épisode nerveux et cohérent. Ensuite seulement je me lance au clavier. Alors, c’est un vrai bordel parce que, dans mon créneau quotidien de 25 minutes, j’écris le petit bout qui me tente le plus. Ainsi, l’histoire se forme avec des centaines de petits bouts de puzzle. Heureusement, j’ai découvert récemment le logiciel Scrivener, qui me permet de m’y retrouver. Ensuite, la phase de réécriture, en tant que brachycérophile, est la plus longue. Je suis un très mauvais exemple à suivre parce que la plupart de mes romans n’ont pas passé l’épreuve de la deuxième ou troisième version : ils étaient tout simplement mauvais !

Plutôt nouvelle ou roman ?

Les deux, et même aussi le théâtre. J’adore les micro textes. J’écris des nouvelles pour m’aérer la tête, pour laisser reposer le roman quelques jours avant de m’y remettre.

Pourquoi être indépendant ?

J’ai été publié en édition tradi sous un autre pseudo et cela s’est plutôt bien passé. Je me suis tourné vers l’édition indé après le refus du manuscrit de Mytho par cinq éditeurs. Je ne voulais pas le laisser dans un tiroir, donc un petit clic et hop, vive Amazon ! Ensuite, j’y ai pris goût. Je m’amuse, comme si je jouais à la marchande. Peut-être qu’un jour je me prendrais au sérieux mais pour le moment, je suis encore le gosse qui colle son dessin sur la couverture.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ?

Un truc auquel je ne m’attendais pas du tout : la communauté des indés. Toutes ces rencontres, le fait de côtoyer d’autres fêlés d’écriture, c’est un moyen de se sentir moins seul dans sa folie. Ça redonne la patate. Avant, j’osais à peine avouer que j’écrivais, c’était un truc limite honteux. Écrire, c’est pire à avouer que pour un autre passe-temps, pire par exemple que de dire « je suis un collectionneur de crottes de nez ». Parce qu’en France, être « auteur » c’est perçu comme une prétention, tu passes pour un mégalo. Mais maintenant que j’ai intégré la secte des indés, que je me sens libre de tout partager avec mes frères et sœurs, j’écris dans la Joie, la Lumière et la Sérénité.

A l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ?

Là encore je suis un très mauvais exemple : je ne vends quasi aucun exemplaire de mes productions. Il faudrait pour cela passer du temps à me faire connaître sur internet, donc moins de temps à écrire…

Quel type de lecteur es-tu ?

Je suis un horrible petit lecteur zappeur. J’ai vingt bouquins en cours et je ne sais combien abandonnés, dans l’espoir de les reprendre un jour. Je finis rarement un livre. Ça se soigne docteur ?

Dans ce numéro 2 de L’Indé Panda, tu nous présentes ton roman « Mytho, la véritable Odyssée d’Ulysse », peux-tu me raconter un peu ce qui t’a inspiré ?

Une interview interactive sur ma chaîne Youtube répond à cette question. Difficile de t’expliquer ça en quelques lignes, d’autant que je viens déjà d’en utiliser deux pour dire ça… Bon… Question suivante ?

Pour finir, L’Indé Panda, c’est quoi pour toi ?

J’ai fini (oui ce livre-là je l’ai fini !) le premier volume et j’ai adoré ! C’est incroyable de lire autant de nouvelles de qualité et aussi diversifiées. L’Indé Panda surpasse pas mal d’anthologies du commerce qui me sont tombées des mains. J’ai amorcé la lecture du second recueil et je suis toujours accro. Si vous poursuivez sur cette voie, L’Indé Panda deviendra la référence incontournable dans l’édition de la nouvelle et c’est tout le bien que je vous souhaite.

Question bonus posée par notre lectrice, Mor Khaan, sur notre page Facebook : « Quelle est la chose la plus farfelue – mais que tu juge indispensable- que tu prendrais avec toi dans un abri anti-atomique ? »

Je prendrai un kayak. Pour pouvoir m’entraîner en attendant de sortir. Indispensable, aussi, en cas d’inondation de l’abri antiatomique. Et puis, un kayak, non seulement c’est décoratif, mais ça tient compagnie. On peut le serrer dans ses bras pour dormir.

Très bonne question en tout cas. Et vous, vous prendriez quoi dans un abri antiatomique ? (Je veux bien les réponses en commentaires !)

 

Vous pouvez retrouver Eric sur son site.

À l’abri” est disponible dans L’Indé Panda n°2.

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