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Interview

Interview Pascale Noger

Pascale Noger a accepté de répondre à nos questions. Merci à elle !

Tu as été sélectionnée pour ce onzième numéro avec ta nouvelle Halloween, peux-tu expliquer sa genèse ?

Bonjour à toutes et à tous. Et merci à toute l’équipe de L’Indé Panda pour cette sélection. Ma nouvelle, Halloween est inspirée d’une anecdote que l’on m’a racontée. Une soirée entre jeunes adolescents, douze ou treize ans, pas plus. Tous les invités repartent chez eux, et puis l’une d’elles revient, elle ne veut pas rentrer chez sa « belle-mère ». L’anecdote est restée dans un coin de ma tête pendant des années, jusqu’à ce que je décide de l’écrire, mais en me mettant du côté de celle à qui j’ai donné le prénom de Mariam. J’ai gardé la partie qui m’a été rapportée et qui se passe dans la maison d’Estelle. Le reste sort tout droit de mon imagination. Mais la raison qui pousse Mariam à se réfugier chez Estelle est véridique, c’est ce qui explique que je mette le nom belle-mère entre guillemets.

Plus à l’aise dans un registre particulier ? De quoi aimes-tu parler dans tes histoires ?

Aussitôt que j’ai su lire, j’ai dévoré les enquêtes du Club des 5, d’Alice, de Fantômette, et j’ai continué avec Agatha Christie, Mary Higgins Clark. Alors, quand j’ai commencé à écrire, ça m’a semblé une évidence de commencer avec un policier.

Ensuite, je suis passée au roman historique, mais ça, c’est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons plus tard. J’écris des nouvelles, bien sûr, et même trois histoires pour enfants que je compte bien faire illustrer et publier un jour.

De ces différentes expériences, je dirai que j’aime parler de personnes que l’on peut croiser dans la vie de tous les jours, dans le métro, dans la rue. D’ailleurs, ceux qui ont lu les deux premiers tomes de Vottier comprendront qu’il y a un point commun entre Blanchard et moi : comme elle, j’adore « croquer » tous les êtres humains un peu à part que je croise durant mes trajets. Je ne me vois pas du tout écrire de la science-fiction ou de la fantaisie. Il faut que mes histoires soient ancrées dans le réel, qu’elles puissent faire dire au lecteur « tiens, ça me fait penser à untel, à ce qui lui est arrivé ».

Quand et comment as-tu commencé à écrire ? Te rappelles-tu ta première histoire ?

Je me rappelle très bien ma première histoire. Madame Legrand, mon professeur de français en première littéraire, a rendu les copies en disant « Pascale, 16 comme d’habitude. Pascale, vous avez tellement d’imagination que vous trouveriez encore quelque chose à dire sur les cheminées de Paris ».

Au cours suivant, je lui ai tendu une copie double. Devant son air étonné, je lui ai dit « Tenez Madame, voici ma rédaction sur les cheminées de Paris ». On peut dire que c’était ma première histoire. Mon amie d’enfance me dit qu’elle me l’a rendue après l’avoir lue devant toute la classe. Cette première histoire a disparu depuis, au fil des déménagements et des aléas de la vie. C’est peut-être mieux, j’aurais certainement été horrifiée en la relisant.

Quel est ton rythme d’écriture ?

Je ne m’impose pas de rythme, pas de calendrier. Il s’est passé un an entre l’écriture de Madame l’Inspecteur Vottier et Sacrifices, le tome 2 de Vottier, même s’ils ont été publiés à quelques mois d’intervalle. Puis est arrivé le Covid, le confinement, et je suis restée quinze mois au chômage partiel, enfermée chez moi. Forcément, l’écriture a occupé une bonne partie de mon temps. Ces quinze mois de gestation ont donné naissance à deux bébés, Entre Deux Guerres, qui a nécessité de longs mois de préparation et d’écriture. Puis à la faveur du challenge Nanowrimo lancé par mes collègues de la librairie Jeunes Pousses en novembre 2020, mon recueil de nouvelles Vous reprendrez bien une petite part de vie a été écrit au rythme imposé de 50 000 mots en un mois.

Par contre, lorsque j’écris un livre, je suis plongée dedans 24/24. J’y travaille un peu tous les jours, les idées arrivent n’importe quand, des phrases ou des paragraphes entiers et il faut que je les note ou que je les dicte immédiatement. Donc si vous croisez une femme qui parle toute seule dans son téléphone, le sourire aux lèvres et les yeux brillants, n’appelez pas le SAMU, c’est juste moi en pleine folie créative.

Comment construis-tu ton travail ?

Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, j’ai écrit mon premier roman en mode jardinier, écrivant les chapitres comme ils me venaient pour les intégrer ensuite dans le cours du roman. Pour Sacrifices, j’ai choisi d’écrire deux histoires en une, dans deux régions différentes, avec une alternance à chaque chapitre. Et même dans ce cadre structuré, j’ai réussi à écrire le début et la fin d’une des enquêtes avant le milieu.

Pour Entre Deux Guerres, le mode architecte s’est imposé de lui-même puisque ce livre suivait les événements chronologies que j’avais trouvés au fil de mes recherches.

Même si je suis à l’aise dans les deux constructions, et que je m’adapte au rythme que m’impose l’histoire, j’ai une petite préférence pour le mode jardinier et son côté débridé. Peut-être mon côté Verseau qui ressort ?

Plutôt nouvelle ou roman ?

Indubitablement nouvelle. J’adore ce rythme court, cette obligation, qui pour moi n’en est pas une, de condenser une histoire en quelques pages. Certainement une réminiscence de ces dissertations qui me mettaient en joie quand mes amies faisaient une tête de dix pieds de long ? Je pense sérieusement écrire un nouveau recueil de nouvelles… En 2023 ?

Pourquoi être indépendante ?

Au début, ce n’était pas un choix. Le manuscrit de Madame l’Inspecteur Vottier a été envoyé à de nombreuses maisons d’édition. Il a même été lauréat du premier concours de l’association les Murmures Littéraires et, à ce titre, présenté à une maison d’édition fin 2019. Mais je n’ai jamais eu aucun retour, ni positif ni négatif. Il faut dire aussi que le Covid est passé par là.

Mais maintenant que j’ai gouté à l’indépendance, je ne pense pas que je pourrais accepter les dictats d’une maison d’édition. D’ailleurs, je ne leur soumets plus rien, et ça m’étonnerait beaucoup qu’ils viennent me chercher.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce statut ?

J’aime être le seul maître à bord. C’est moi qui décide de tout, de la couverture, du style. D’ailleurs, j’avais présenté Entre-Deux Guerres à la deuxième session du concours les Murmures Littéraires et il n’a pas reçu la dernière validation, car les juges le trouvaient trop historique et pas assez romancé. Selon eux, pour plaire à une maison d’édition, il aurait fallu que je change la réalité des faits, que je romance l’histoire. Mais j’ai décidé de laisser mon livre tel quel, car il n’était pas question pour moi de trahir mes personnages.

À l’inverse, qu’est-ce qui est le plus dur pour toi ?

C’est le revers de la médaille : être indépendant implique qu’on est seule pour prendre les décisions. Au début, faute de moyens financiers, j’ai tout fait moi-même de A à Z, ce qui, avouons-le, est maintenant grandement facilité avec les moyens mis à notre disposition sur Internet : logiciels, banques de photos, blogs de conseils et d’entraide des autres auteurs.

Par contre, cette année, j’ai pris un correcteur professionnel pour revoir mes quatre livres, car même avec un logiciel de correction et les bonnes âmes qui ont relu bénévolement mes livres, il reste toujours des fautes. Et pour mes livres pour enfants, il me faudra aussi une illustrateur-trice. Vu mon niveau en dessin, c’est indispensable !

Et bien entendu, tout ça à un budget, souvent très lourd. Alors à ceux qui espèrent vivre de leur plume, je dis, ne rêvez pas, estimez-vous très chanceux si vous arrivez déjà à rentrer dans vos frais. Mais écrire est un plaisir, plus, une drogue dont je ne peux plus me passer. Je me demande même comment j’ai fait pour vivre aussi longtemps sans.

Quel type de lectrice es-tu ? 

Vorace, boulimique. Je lis tout ce qui me passe entre les mains, quitte à abandonner un livre après quelques pages si je n’accroche pas. Mais ma devise, c’est d’essayer, parce qu’au moins, je sais que je n’aurai pas de regret. On m’a répété toute mon enfance qu’il ne faut jamais dire « je n’aime pas ça » sans avoir gouté avant ce qu’on a dans son assiette. Ça m’a marqué, et c’est maintenant ma devise dans tous les domaines, ou presque.

Dans ce numéro 11 de L’Indé Panda, tu nous présentes ton roman Entre Deux Guerres, peux-tu me raconter ce qui t’a inspirée ?

J’ai attrapé le virus de la généalogie dans les années quatre-vingt-dix. Vite bloquée à l’époque, j’ai repris mes recherches quand j’ai réalisé que la plus grande partie des archives était numérisée et disponible sur Internet. Et comme si faire ma propre généalogie ne suffisait pas, j’ai aussi proposé à mes amis de faire la leur.

C’est dans l’une de ces généalogies que je suis littéralement tombée amoureuse de la belle aventure de Françoise Carle et d’Étienne Philippe. Leur descendant a été plus qu’enthousiaste quand je lui ai demandé l’autorisation de raconter l’histoire de ses ancêtres. J’ai donc réuni toute la documentation possible sur la vie en France, et plus particulièrement à Vesoul, sous Napoléon. J’ai aussi retracé la carrière militaire d’Etienne Philippe, les batailles auxquelles il avait participé, la vie des soldats. Je me suis documentée sur les métiers des cordonniers, des blanchisseuses. Enfin, au terme de longs mois de recherches et de lectures, j’ai commencé à écrire cette histoire, laissant tomber au passage, comme une vieille chaussette, ma pauvre Catherine Vottier et le troisième tome de ses aventures.

Peux-tu nous parler de ton actualité : une sortie récente, un projet sur lequel tu travailles ?

Fin septembre, je serai en dédicace au festival du livre de Niort, le Donjon des Livres, qui se tiendra les 24 et 25 septembre 2023. Je ne serai pas seule puisque je serai sur le stand de la Librairie Jeunes Pousses.  
Côté écriture, je planche sur le tome 3 des enquêtes de l’inspecteur Vottier. Je ne pense pas qu’il soit prêt pour Niort, car je dois tenir compte des délais de correction. 

Et bien sûr, au fil de mon imagination, j’écris des nouvelles.

Pour finir, L’Indé Panda, c’est quoi pour toi ?

L’indé Panda, c’est une merveilleuse rencontre, une opportunité. Et je suis fière et émue de faire partie de l’aventure de onzième numéro. En fait, j’ai surtout réalisé ma chance quand Thomas et mes autres collègues de la Librairie Jeunes Pousses m’ont félicité pour ma sélection, m’annonçant que le numéro dans lequel figurait Halloween était dans le top cent des gratuits d’Amazon.

Je croise les doigts pour que cette association ne disparaisse pas faute de gens prêts à prendre la relève, comme ça a été le cas des Plumes Indépendantes. Je suis bientôt en retraite… Je dis ça, je ne dis rien !

Découvrez Halloween dans L’Indé Panda 11

Lisez Entre Deux Guerres

Sur la Librairie des Jeunes Pousses :

Sur Amazon :

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